Pourquoi donc « Art’Hist au cœur des trois provinces » ?
Notre association rassemble des adhérents habitant la vallée du Cher, venant d’une vingtaine de km autour de Saint-Aignan.
Or, ce très joli coin de France est depuis des siècles à la limite de plusieurs régions politiques :
Du temps des gaulois.
À l’ouest – au sud-ouest de Saint-Aignan, commençait le territoire de la tribu gauloise des Turons (d’où ‘tourangeaux’ en français)
Depuis Saint-Aignan, vers l’est – sud-est, s’étendait le pays des Bituriges (d’où ‘berrichons’ en français moderne).
Enfin, au nord de la rive gauche du Cher, commençait le pays des Carnutes, grande nation gauloise divisée en deux parties sous l’empire romain, celle qui nous concerne étant les carnotii aureliensis, c’est à dire dépendant de la ville d’Aurélien, alors nouveau nom de la future Orléans.
Ces frontières entre tribus ne consistaient pas en lignes nettes, mais en zones de moindre droit, de moindre présence politique, territoires à la revendication incertaine. Des « zones tampons », en somme.
Du moyen-âge à la révolution.
Cette logique va durer. Aux temps des rois des Francs en Gaules, puis des rois de France, notre coin de vallée restera disputé entre ces trois tribus devenues Provinces =
Touraine, Berry et Orléanais.
On s’y affronte entre grands féodaux. Ainsi, le 1è lieu-dit à l’ouest de Saint-Aignan s’appelle-t-il « le désert », marque d’un lieu délabré par les disputes et combats, et donc désert de prospérité et d’habitats pérennes.
C’est pour cela qu’une ancienne île, juste à l’ouest de l’île principale, s’est appelée jusqu’à sa disparition « île des trois évêques ».
En effet, les évêques de Tours, de Bourges et d’Orléans venaient, sur ce bout de terrain « neutre », y régler les différents de droit canons ou d’impôt ecclésiastique causées par cette incertitude de propriété politique.
Depuis 1791.
Notre terre reste partagée entre… trois départements.
L’indre-et Loire (plutôt ‘turonne’), L’Indre (plutôt ‘biturige’) et le Loir-et-Cher (plutôt ‘carnute’). Certaines communes ont administrativement « changé de camps ». Mais la réalité demeure. C’est pour cela qu’il reste difficile de faire venir chez nous la TV régionale : Laquelle doit venir !?
Quoique diminué, ce sentiment de différence subsiste encore.
Notre association rassemble et dynamise par dessus cet héritage et crée du lien et de la convivialité. Mais ça, c’est notre histoire présente.
Jean-François Martine
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